Le monde
entier connaît de nom le Lac Titicaca. En France, ça commence à l’âge où l’on
est en droit de mordiller des Carambars tout en lisant aux copains les blagues
hilarantes inscrites sur l’emballage.
Le
Lac Titicaca est le plus grand lac d’Amérique du Sud en volume d’eau et en
superficie (8562 Km2). Il est aussi considéré comme le plus haut lac navigable
du monde (3812 mètres). Situé à la frontière entre le Pérou et la Bolivie, les
Boliviens disent qu’ils ont le Titi et les Péruviens le Caca. Qu’est ce qu’on
rigole !... Même ici, le nom amuse et est source de plaisanterie. Donc pas
de honte à avoir !
Nous
avions prévu de visiter les îles du lac en quittant le pays. Mais, on se plait
tant à La Paz que nous avons décidé de prolonger notre séjour dans la capitale,
et d’effectuer quelques escapades dans les alentours sans nous encombrer de nos
gros sacs à dos.
Mercredi,
nous étions donc bon pied bon œil à la
gare routière pour prendre un car pour Copacabana.
« No
vamos a la playa ! ». La célèbre plage du même nom est à Rio de
Janeiro au Brésil. Notre Copacabana bolivienne est une petite ville balnéaire à
5 kilomètres de la frontière du Pérou, d’où partent les bateaux pour les iles
du Lac Titicaca. La plus grande est l’île du Soleil (La Isla del Sol).
Copacabana abrite également la fameuse sculpture de la Virgen de la
Candelaria de Copacabana, déclarée Reina de la Nación de Bolivie en
1925.
Sur le parvis de la cathédrale, tous les jours à 10 heures, des centaines de
Péruviens et de Boliviens viennent faire baptiser leurs voitures neuves,
décorées pour l’occasion, afin qu’elles le restent le plus longtemps possible.
Le
voyage depuis La Paz dure 4 heures, mais nous mettons déjà plus d’une heure
pour sortir de la ville, tant les constructions s’étendent chaque jour un peu
plus alentours. Ces maisons en briques rouges, jamais finies, forment de nouveaux
quartiers sur les hauteurs (El Alto). On ressent la pauvreté et l’insécurité à
la vue des égouts à ciel ouvert, et des pendus accrochés aux réverbères
destinés à effrayer les voleurs...
(...) Et pas qu’eux, ça surprend tout de
même !
Après
trois heures de route, nous découvrons une grande étendue d’eau à l’horizon.
Au
village de San Pablo de Tiquina, nous devons descendre du car pour embarquer
dans un petit canot qui nous amènera, pour 2 Bolivianos, sur la rive d’en face.
Le car, lui, traversera sur un bac fait de vielles planches de bois, poussé par
un petit moteur hors-bord.
Nous
touchons l’eau ; nous sentons l’odeur de poisson que les femmes font griller
sur le trottoir. C’est tellement grand, que pour nous c’est la mer. Le matelot,
le mousse, le pirate, le Breton, qui sommeillent en nous, se réveillent soudain
et nous sommes tout excités. On va se baigner, on va se baigner, on va se
baigner ! Bertrand nous prévient que cela est fort peu probable, étant
donné que la température est supposée ne guère dépasser les 9°.
« On s’en fiche ! On est au Lac Titicaca et
croix de bois-croix de fer, je ferai pipi dans le Lac Titicaca ». Les
enfants relèvent également le pari. La chose est dite. Là-dessus, nous
remontons dans le car pour 40 minutes avant d’atteindre Copacabana.
Dès
notre arrivée, nous nous installons à table dans une des gargottes qui longent
la rive. Au menu : trucha a la diabla ; trucha al aljillo, trucha a
la plancha, trucha al horno, trucha al limon, … bref de la truite à 20
bolivianos.
C’est mon premier poisson depuis trois mois. Il est bon, même si
les truites du lac sont davantage prélevées dans des bassins que pêchées. Après
le déjeuner, nous longeons la rive, refusant aux enfants une promenade en
pédalo en forme de cygne.
Un bateau, le dernier, vend des billets pour
Challapampa, un village situé au nord de l’Isla del Sol. Il fait beau
aujourd’hui… mais peut être pas demain, aussi nous décidons d’embarquer dans
l’instant.
Parfois,
on se dit que la chance nous sourit. Parmi les passagers, se trouve un gars
costaud au look de père noël écossais, avec un tee-shirt ACDC et une guitare.
Pendant
trente minutes, nous aurons droit à un concert improvisé. C’est un Argentin, de
Buenos Aires, qui voyage en gagnant sa vie avec sa musique. J’ai craqué. J’ai
acheté son CD (20 Bolivianos).
Yumani |
On
passe devant le village de Yumani, situé au sud de l’ile. Quand on voit la floppée
d’hôtels, mais surtout l’escalier pentu pour y accéder, on pousse un soupir de
soulagement, sans savoir pour autant ce que va nous réserver le village de Challapampa…
L'escalier de Yumani |
Que
du bien au premier regard ; que du bien au second et que du bien au
dernier !
Challapampa,
c’est petit, plat (merci mon dieu) et il y a une plage magnifique.
Des enfants
viennent à notre rencontre pour savoir si nous cherchons un logement. Or, j’ai
le nom d’une femme, La Senora Dominga, qui tient une auberge et qui m’a été
recommandée par « Audrey les bons tuyaux » (la même que celle de
Torotoro). Personne ne la connaît. Si bien que j’en viens à supposer que madame
Dominga doit habiter au sud et non au nord. Bon, haut les cœurs, une femme nous
accoste et nous conduit à son domicile qu’elle a transformé en hostal, comme l’ont
fait ses voisins. Elle nous propose la nuit à 25 Bolivianos par personne (3
euros). Les chambres sont propres, pas glaciales, il y de l’eau chaude et la
vue de la terrasse est simplement superbe. Hostal Cultural, retenez ce
nom !
Il
est 15H30. Le soleil est toujours là. J’ai envie de faire pipi, mais je me
retiens pour mon pari. Hop-hop-hop, les enfants ! On enfile les maillots
et on file sur la plage !
Bertrand
nous suit, goguenard. Je lui confie l’appareil photo afin qu’il immortalise ce
moment, même s’il doit être fugace, voire éclair !
Une
dizaine d’enfants jouent sur la plage. Les filles sur le sable, les garçons
dans l’eau, flottant à l’aide de blocs de polystyrène. Ils nous regardent
avancer, un peu surpris. Nous rentrons dans l’eau. Finalement, elle n’est pas
si froide que cela. Elle est même à mon avis à la même température que sur la
côte nord de la Bretagne. Que c’est agréable de flotter, de nager, de
plonger ! On se sèche sur le sable qui est fin et propre. Voilà, ça c’est
des vacances !
Le
soleil se couche tranquillement. Tout est calme. Une petite truite accompagnée
de quinoa et de purée pour le diner et on s’endort heureux.
Le
lendemain, nous avons droit à un bon petit déjeuner sur la terrasse de la
maison réchauffée par le soleil : jus d’orange, œufs brouillés, banane,
pain, confiture, café, lait… Nous laissons nos sacs à l’hôtel, pour aller faire
une petite marche sur une presqu’île où nous pouvons voir les villageois au
travail dans les parcelles en terrasses qui épousent les monts.
En hauteur, nous
sommes saisis par la beauté verte de l’eau du lac.
Les enfants se baigneront
une dernière fois avant de reprendre le bateau de 13H30 pour Copacabana.
Albert,
comme à l’aller, restera à l’extérieur, près du «capitaine», qui
manie son moteur à la force de sa jambe droite.
Il nous fera la surprise d’une
halte sur un îlot flottant où se trouvent des élevages de truite et un
restaurant où l’on peut directement les déguster : on les sort de leur
bassin et… couic ! dans l’assiette (enfin après un bain d’huile quand même,
on n’est pas des phoques !).
A 16
heures, nous retrouvons la terre ferme avec tristesse.
Notre
car, malgré les fausses promesses de la vendeuse, ne quittera Copacabana qu’à
18H00, ce qui ne nous fera rejoindre La Paz, notre appartement et notre lit
qu’à 23H30.
Pari
tenu ! Les enfants et moi avons fait pipi dans la lac Titicaca.. Nous
avons relevé notre défi, mais rien gagné car nous avions oublié de miser….
Dommage !
Les
douze coups de minuit n’ont pas sonné, on peut s’écouter une histoire.
Une légende raconte que les hommes vivaient heureux dans une
vallée fertile. Rien ne leur était interdit sauf de gravir la montagne. Le
diable, jaloux de leur tranquillité, leur dit d'aller dans la montagne chercher
le feu sacré, sinon un malheur s'abattrait sur eux. Mais les dieux de la
montagne, appelés « Apus », les surprirent et firent sortir des
cavernes des pumas, qui dévorèrent toute la population. Inti, le dieu du soleil
qu'ils vénéraient, pleura pendant 40 jours et 40 nuits sans s'arrêter, ce qui
inonda la vallée et créa le lac Titicaca ; seul un couple survécut en se
mettant dans une barque. Ils dirent que, de leur barque, ils avaient vu les
pumas, qui s'étaient transformés en pierre. C'est pour cela que le lac
s'appelle « el lago de los pumas
de piedra », le lac des pumas de pierre (el lago Titicaca).
Ces
pumas de pierre sont aujourd'hui représentés dans la symbolique Aymara par la
figure de proue des bateaux (les Balsas), sous la forme d’une tête de puma
tressée.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire