Ici, début du troisième chapitre.Petit rappel.
Chapitre 1 : Buenos Aires.
Chapitre 1 : Buenos Aires.
Buenos Aires |
Bolivie: salar d'Uyuni |
Durée : deux mois et demi.
Altitude : entre 3 500 et 4 000, avec des pointes à 4 500. Boisson :
Fanta Orange. Temps : très froid et très venteux, très sec mais quelques
averses de grêle. Activité : recherche du second souffle au milieu de la
pente. Impression générale : des Indiens sympas mais pas toujours faciles
à comprendre.
Dinguo d'Inca Kola |
Chapitre 3 : Côte ouest. Première partie :
Lima. Altitude : 0. Océan : Pacifique. Boisson : Inca Kola
(c’est pas des conneries ! C’est comme du Coca, mais jaune et avec un goût
de… papaye? de médicament ? Enfin on s’y fait…). Temps : ciel
toujours gris, parfois un semblant de début de zeste de crachin, mais en
réalité ici il pleut une fois tous les trois ans (et ça non plus c’est pas des
conneries !)…
Température : enfin on dépasse les 20°, parfois même ça saute à 30° dès qu’apparaît un coin de ciel bleu, vers le milieu de l’après-midi. Etrange pour nous, un endroit où l’on a chaque jour la même météo…
Température : enfin on dépasse les 20°, parfois même ça saute à 30° dès qu’apparaît un coin de ciel bleu, vers le milieu de l’après-midi. Etrange pour nous, un endroit où l’on a chaque jour la même météo…
Lima |
Lima est un passage obligé quand on veut remonter vers
l’Equateur par la Panaméricaine, la route côtière qui va de la Colombie jusqu’à
la Patagonie. Autrement c’est la route des Andes, c’est-à-dire d’interminables
nuits et journées de bus…
La première chose qui frappe le visiteur, c’est
certainement l’intensité du trafic. A côté de Lima, Buenos Aires et La Paz font
figure de paradis piétons !
Toujours autant de bus, de minibus et de taxis, mais énormément plus de voitures. Et surtout de voitures modernes. Finis les vieux Dodge poussifs et pétaradants de La Paz, adieu les vielles R12 et 5O4 de Buenos Aires…
Ici ne restent que quelques Coccinelles âgées mais en superbe état, sinon ce ne sont que de belles asiatiques, à peines inquiétées par de rares et chères allemandes. Quant aux piétons, ils ont intérêt à courir vite ! D’ailleurs on ne voit pas de personnes très âgées dans les rues, peut-être se sont-elles toutes déjà faites écraser en essayant de traverser la rue?
Après plus d’une heure de taxi nous finissons par arriver à l’auberge, au sud de la ville, dans le quartier de Barranco qui borde l’océan.
Toujours autant de bus, de minibus et de taxis, mais énormément plus de voitures. Et surtout de voitures modernes. Finis les vieux Dodge poussifs et pétaradants de La Paz, adieu les vielles R12 et 5O4 de Buenos Aires…
Ici ne restent que quelques Coccinelles âgées mais en superbe état, sinon ce ne sont que de belles asiatiques, à peines inquiétées par de rares et chères allemandes. Quant aux piétons, ils ont intérêt à courir vite ! D’ailleurs on ne voit pas de personnes très âgées dans les rues, peut-être se sont-elles toutes déjà faites écraser en essayant de traverser la rue?
Après plus d’une heure de taxi nous finissons par arriver à l’auberge, au sud de la ville, dans le quartier de Barranco qui borde l’océan.
L’accueil est très professionnel, la femme à l’accueil nous sort un plan photocopié de Lima, qu’elle commence à couvrir de croix rouges. Petites croix pour les endroits où l’on peut se promener seulement de jour, grosses croix pour ceux qui sont « muy peligroso » de jour comme de nuit. En gros, il ne reste que trois ou quatre quartiers, même la plage en contrebas est réputée très dangereuse la nuit !
Place de Barranco |
Il y a un Pont des Soupirs reconstitué au-dessus de la rivière, et tout autour ce ne sont que restaurants classieux, casinos, bars à vins, boîtes de jazz et de salsa, et chanteurs de rue sous les tonnelles des rues piétonnes.
Au beau milieu de la place centrale du quartier, devant la bibliothèque, au milieu des fontaines, a été installé un écran de cinéma en plein air. Sur quelques dizaines de chaises de jardin, des personnes cultivées regardent attentivement un film d’auteur.
De l’autre côté des jeunes gens dansent le hip-hop, devant leurs enceintes posées sur les marches d’une jolie fontaine totalement kitsch…
Devant chaque établissement il y a au moins un vigile
en tenue, accompagnés devant les restos par des serveurs-rabatteurs en belle
livrée noire et blanche. Tout en ouvrant de grands yeux on rigole sous cape en
pensant au chauffeur de taxi qui nous a décrit le quartier comme un
« repaire de bohémiens » (il voulait nous placer un hôtel qu’il
connaissait dans un quartier résidentiel), ainsi qu’à notre « Guide du
Routard », qui décrit le quartier comme « le nouveau quartier branché
de Lima ». Oui, surtout branché sur le 220 volts, au vu de la profusion de
lumières et de décibels !
Après le Pont des Soupirs on descend une petite rue piétonne
bordée de beaux restaurants, on slalome entre les rabatteurs en alignant les
muchas gracias, puis on débouche sur une jolie petite plate-forme en bois
surplombant le… PACIFIQUE !
Pont des soupirs |
Le Pacifique ! si, si regardez bien |
Bon, d’accord, entre nous et le somptueux grondement de
ce majestueux océan, il y a une grande avenue sur laquelle une horde de
misérables et innombrables automobiles klaxonnent à qui mieux-mieux, sans aucun
respect pour notre grand moment d’émotion familiale, mais c’est bien quand même.
On serait bien descendus jusqu’à la passerelle qui enjambe le boulevard, et qui mène à la plage, mais c’est vrai que l’éclairage est plutôt inexistant, et le souvenir des croix rouges nous incite un peu à la prudence… On verra ça demain !
On serait bien descendus jusqu’à la passerelle qui enjambe le boulevard, et qui mène à la plage, mais c’est vrai que l’éclairage est plutôt inexistant, et le souvenir des croix rouges nous incite un peu à la prudence… On verra ça demain !
En remontant on tombe sur une auberge de jeunesse
franchement relax (avec tentes sur la terrasse), posée comme une erreur au
milieu des beaux restos.
Rafael, un Colombien sympa qui tient la boutique, nous
propose un petit appartement pas cher un peu plus loin dans le quartier… juste
à l’endroit où commencent les croix rouges ! Il nous assure que l’endroit
est tranquille, on décide de lui faire confiance et de déménager dès demain.
Pour fêter ça on s’attable dans le petit jardin d’un drôle de resto, qui n’est
rien d’autre que l’authentique et splendide wagon du premier train arrivé au
Pérou, au début du siècle dernier, et venu tout droit d’Angleterre !
Méconnaissant les usages de la ville, on demande un cendrier au patron. Nenni ! Ici, même en terrasse, à partir du moment où elle donne sur la rue, on ne fume pas. Enfin plus exactement, on ne distribue pas de cendriers… Résultat des courses : tout le monde fume en jetant discrètement son mégot dans les pots de fleurs…
Méconnaissant les usages de la ville, on demande un cendrier au patron. Nenni ! Ici, même en terrasse, à partir du moment où elle donne sur la rue, on ne fume pas. Enfin plus exactement, on ne distribue pas de cendriers… Résultat des courses : tout le monde fume en jetant discrètement son mégot dans les pots de fleurs…
L’appartement dans lequel nous nous installons le lendemain
est agréable et spacieux, le quartier est vivant et pas inquiétant pour deux
sous…
Bref, tout irait pour le mieux s’il n’y avait pas… le psychopathe !
C’est ainsi que les enfants ont baptisé le type bizarre et pas du tout
sympathique, employé par l’auberge de jeunesse, qui occupe une chambre à côté
de la nôtre, et avec qui on doit partager la salle de bain. Quel petit
cachotier, ce Rafaël ! En réalité le pauvre n’a pas la lumière dans toutes
les pièces, ce qui en soi ne serait pas trop gênant s’il n’était pas
hypermaniaque. Il est visiblement habitué à vivre seul ici, et notre arrivée le
perturbe grandement, au point qu’il commence à trembler dès que les deux
télécommandes de sa télé ne sont plus exactement à leur place sur son tabouret
en face de sa chaise…
Mais l’appartement et le quartier nous plaisent, le prix est sympa lui aussi, et comme notre psychopathe ne rentre jamais avant six heures du soir et part tôt le matin, on décide de rester. Non sans évidemment s’amuser un peu à déplacer quelques objets de quelques centimètres, histoire de voir si le lendemain ils auront été remis à leur place… ce qui arrive à tous les coups ! Bon, on a été sympa, on ne lui a pas planqué sa télécommande.
Le salon, la TV, les deux télécommandes... |
Mais l’appartement et le quartier nous plaisent, le prix est sympa lui aussi, et comme notre psychopathe ne rentre jamais avant six heures du soir et part tôt le matin, on décide de rester. Non sans évidemment s’amuser un peu à déplacer quelques objets de quelques centimètres, histoire de voir si le lendemain ils auront été remis à leur place… ce qui arrive à tous les coups ! Bon, on a été sympa, on ne lui a pas planqué sa télécommande.
Au bout du deuxième jour on commence un peu à
enregistrer les noms des principaux quartiers et des grandes avenues, ainsi
qu’à expérimenter les transports en commun. Ici pas de métro, juste trois ou
quatre lignes de bus plus rapides que les autres, circulant sur des larges
couloirs qui leur sont dédiés en plein milieu des immenses boulevards qui
traversent la ville dans tous les sens.
Nous avons décidé d’aller voir le
Pacifique à l’autre bout de la ville, du côté du port, à plus de trente
kilomètres de chez nous. Le quartier du port se nomme Callao. Un endroit
mythique, car c’est de là que pendant des siècles sont parties les centaines de
tonnes d’or et d’argent que les conquistadors et leurs descendants envoyaient
au Roi d’Espagne. Les bateaux remontaient d’abord jusqu’à Panama. Là, ils
déchargeaient leur cargaison, qui était acheminée à dos de mule de l’autre côté,
avant d’être réembarquée pour traverser l’océan atlantique. Evidemment les
pirates anglais croisaient devant Lima, et il se dit que d’incroyables
quantités de lingots dorment depuis ce temps au fond du Pacifique…
Le metropolitan |
On erre pendant assez longtemps sur un boulevard où
passent les minibus pour Callao. Aucun ne va au port, en plus on ne comprend
rien aux directions qu’ils affichent, et quant aux passants ils nous donnent
évidemment des infos contradictoires. On finit par s’entasser dans un petit bus
qui semble aller dans la bonne direction. En interrogeant les passagers à côté
de moi, je crois comprendre qu’il faut aller jusqu’au terminus. Le trajet
durera près d’une heure et demi, rythmé par les appels incessants de l’assesseur
du chauffeur, psalmodiant comme une litanie les noms des différents arrêts, à
destination des passants. Au fur et à mesure que l’on s’éloigne du centre les
quartiers deviennent de moins en moins pimpants, les rues rétrécissent et on
finit par rouler à dix à l’heure au milieu d’un endroit qui pourrait tout à
fait être à Cuba. Maisons basses et colorées, vieilles voitures américaines
toutes bosselées, trottoirs pleins de petits vendeurs.
Puis on traverse un
marché, et une très forte odeur de poisson envahit le minibus, d’où à peu près
tous les autres passagers sont déjà descendus. D’un côté c’est rassurant, on ne
doit pas être bien loin du port… Mais d’un autre côté on aimerait autant ne pas
être obligé de descendre ici, au minimum on risquerait de se faire sérieusement
dévisager, les gringos n’ayant pas l’air de courir les rues…
Marché aux poissons |
Mais non, le minibus finit par s’extraire du marché, et
poursuit sa route. Finalement les rues s’élargissent de nouveau, en même temps
qu’on commence à apercevoir les premières grues du port. On continue encore un
peu, avant d’entrer dans « La Punta » (La Pointe), le nom du quartier
où se trouve le terminus… vu qu’après c’est le Pacifique !
On n’est pas
peu fiers d’avoir réussi notre coup, et tout cela pour la modique somme de 8
soles (un peu plus de 2 euros)!
La Punta |
Pas besoin d’avoir fait de grandes études d’urbanisme
pour comprendre l’histoire du quartier. Il y a encore 100 ans, ce devait être
un des poumons économiques de la ville, à voir les anciens entrepôts, ainsi que
le lieu de résidence des officiers de la marine, à voir les anciennes maisons
néocoloniales sur le front de mer.
Visiblement tout cela a dû se casser la figure, avant d’être repris depuis peu par des bobos, qui ont transformé les vieux entrepôts en galeries d’art et en salles de concert, ainsi que par la bourgeoisie de Lima, qui commence à restaurer les vieilles maisons.
Le résultat est plutôt amusant, on passe de La Baule à San Francisco en cinquante mètres, dans une ambiance plutôt détendue, parmi les clubs d’aviron et les grandes places où surfent les skateboards.
Visiblement tout cela a dû se casser la figure, avant d’être repris depuis peu par des bobos, qui ont transformé les vieux entrepôts en galeries d’art et en salles de concert, ainsi que par la bourgeoisie de Lima, qui commence à restaurer les vieilles maisons.
Le résultat est plutôt amusant, on passe de La Baule à San Francisco en cinquante mètres, dans une ambiance plutôt détendue, parmi les clubs d’aviron et les grandes places où surfent les skateboards.
Notre récompense sera d’aller se poser sur la plage de
galets, à peu près déserte, tout près du port de plaisance, avec au large les
cargos en attente.
On n’a pas pris les maillots mais les enfants vont quand même faire trempette et jeter des galets dans l’eau. Elle n’est pas très chaude, la faute au Courant de Humboldt qui remonte depuis l’Antarctique en longeant la côte, mais pour des petits Bretons habitués à se baigner à Brest, elle paraît plus que bonne !
On n’a pas pris les maillots mais les enfants vont quand même faire trempette et jeter des galets dans l’eau. Elle n’est pas très chaude, la faute au Courant de Humboldt qui remonte depuis l’Antarctique en longeant la côte, mais pour des petits Bretons habitués à se baigner à Brest, elle paraît plus que bonne !
On n’a pas prévu de rester très longtemps à Lima, et
quelques jours plus tard nous refaisons nos valises, direction la gare routière
pour un grand périple plein nord de plus de 1000 km, qui doit nous emmener à
proximité de la frontière équatorienne, là où l’eau est chaude et le sable
blanc sous les palmiers…
En attendant on passera notre dernière soirée en ville dans un jardin public paraît-il unique au monde, où s’illuminent des dizaines de belles fontaines, tandis que retentissent en fond sonore des concertos de Vivaldi.
En attendant on passera notre dernière soirée en ville dans un jardin public paraît-il unique au monde, où s’illuminent des dizaines de belles fontaines, tandis que retentissent en fond sonore des concertos de Vivaldi.
Sous un tunnel d'eau |
Notre dernière visite sera pour le plus beau musée qu’il
nous aura été donné de voir depuis notre départ : le musée Larco.
On y
verra des pièces de poterie, d’orfèvrerie et de textile, issues d’à peu près
toutes les civilisations qui se sont succédées au Pérou avant l’arrivée des
Espagnols. L’état exceptionnel de conservation, la qualité de la présentation,
l’incroyable beauté de ces centaines de chefs d’œuvre, nous assomme
littéralement. Quand on pense qu’on a failli traverser l’Amérique du sud en
n’ayant vu que des ruines et des poteries ébréchées !
Mais le clou du musée se trouve dans un bâtiment à part, il s’agit de la salle érotique. Y sont regroupées des poteries du peuple « Moche » (prononcer Motché), datant pour certaines d’un millier d’années… et dans leur immense majorité carrément pornographiques ! Sont représentés, de manière très réaliste, des couples faisant l’amour dans toutes les positions imaginables, avec des attributs parfois impressionnants.
Pour cette civilisation, l’acte sexuel représentait à la fois le rapport à l’au-delà, et la communion avec la nature. Evidemment les enfants ont adoré cette transgression, tout en restant parfois perplexes ! Mais bon, les voyages forment la jeunesse…
Le musée Larco |
Mais le clou du musée se trouve dans un bâtiment à part, il s’agit de la salle érotique. Y sont regroupées des poteries du peuple « Moche » (prononcer Motché), datant pour certaines d’un millier d’années… et dans leur immense majorité carrément pornographiques ! Sont représentés, de manière très réaliste, des couples faisant l’amour dans toutes les positions imaginables, avec des attributs parfois impressionnants.
Pour cette civilisation, l’acte sexuel représentait à la fois le rapport à l’au-delà, et la communion avec la nature. Evidemment les enfants ont adoré cette transgression, tout en restant parfois perplexes ! Mais bon, les voyages forment la jeunesse…
Un petit bonjour de la famille DENIS et de Mauricette, vous nous faites voyager à travers vos différentes aventures. On vous souhaites de joyeuses fêtes de fin d'année. On pensera à vous en mangeant la galette des rois, je ne sais pas s'ils connaissent cela en Amérique.
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